lundi 3 février 2014

24 minutes pour aller plus haut

Quand on écrit des chroniques musicales, des articles et des commentaires, on le fait pour les autres et aussi pour soi, bien sûr. En effet, il est fort valorisant de dire : lisez, voici mon opinion sur ce groupe ou cette chanson, qui vachement bien, extraordinaire et au dessus du lot. L’avis publié contient de facto un supplément qui est plus que sous-entendu : en clair, si moi- sans majuscule, ne poussons pas- je vous parle d’un truc superbe et généreux, passionnant et mémorable, j’en suis partie prenante, via le bout de ma plume. CQFD ! 
Mon témoignage faussement modeste me hausse du col car  je vous délivre, illuminé de gloire adjacente, un message de qualité sur des musiques de qualité. 
Dans un deuxième temps, il y a l’aspect fraîcheur de l’information. Quand le journal gratuit du métro découvre Fauve±, deux ans après les aficionados initiés et juste avant un sujet bref en fin de Journal sur France 2, les puristes disent « oh la la, on savait déjà ! » –puristes français, notez-le au passage, car ils disent oh la la, afin que les anglo-saxons les reconnaissent sans erreur-. 
Dans les lignes qui suivent, je vous l’avoue sans détour je vais petit un évoquer un morceau grandiose qui me grandit à son écoute et petit deux faire hausser les épaules maigres des fans d’un groupe trop peu connu mais déjà suivi par de farouches partisans. Voici Sleep, d’une durée de près de 24 minutes ; un instrumental hallucinogène en plusieurs parties partant de quelques notes aériennes et têtues vers un martelage sonique provoquant le déséquilibre puis mourant sur un final plein de nostalgie. Les noms sont à tiroirs et de belle facture, il s’agit du groupe Godspeed You Black Emperor ! qui l’insère dans l’album : LiftYour Skinny Fists Like Antennas To Heaven.


Je vous avais prévenu. Vous et moi sommes désormais dans la catégorie plus, la première classe des initiés. Modeste ne sera jamais notre prénom. Nous pouvons écouter Sleep deux ou trois fois de suite, prendre un air entendu lorsque nous nous verrons et avoir un léger sourire aux lèvres qui emmerdera puissamment les passagers tassés et mal réveillés de la ligne 4 du Métro parisien qui font la tronche de 7heures 00 du matin jusqu’à 23h59 et 59 secondes de la nuit. 

Jérôme V.